À l'embauche
Vestiaires des transporteurs, société de transport de fonds Funds Co, centre fort de Rennes.
— Salut Denis.
— Salut, Jos, salut, Paul, y'a quoi au planning ce matin ?
— La BF et le circuit habituel, itinéraire C, je crois. Briefing dans cinq minutes, a dit le boss. On est les derniers à partir.
Les trois hommes finissent de revêtir leur uniforme de travail, assez semblable à celui de la police, question forme et couleur. Mais, y'a l'inscription de la boîte dans le dos et la casquette cubaine en plus. Sans oublier le gilet pare-balles, depuis 2000 (merci M. Chevènement !).
Denis lace avec soin ses rangers. Il se campe en position de tireur debout pour vérifier sa stabilité. Impec. C'est super-important d'être bien dans ses godasses.
Les trois hommes se rendent au stand d'armement. Le préposé ouvre le coffre, sort et vérifie trois revolvers 9 mm MR 73 chambrés en .38 spécial, avec leurs munitions et 3 pistolets-mitrailleurs Micro Uzi et leurs chargeurs ; ils signent les bons de remise, ajustent leurs ceinturons. Chargent le barillet des revolvers des six balles réglementaires et vérifient la sécurité de leur arme avant de la ranger dans son étui. Ils placent également un chargeur de 20 cartouches dans les Uzi. Vérifient là aussi les mécanismes de sécurité.
Dans la salle de préparation, l'horloge digitale affiche 7:30. Au rapport !
Ils entrent dans le bureau du chef de centre. Un colonel en retraite, pas porté sur la rigolade. Pour un peu, faudrait faire le salut militaire et tout le toutim. Mais par chance, la norme imposée par la boîte, c'est position repos, jambes écartées, mains dans le dos.
Avec ses dix ans d'ancienneté, Denis est le plus chevronné du trio. Il est le chauffeur du fourgon. Il y a deux mois à peine que les deux autres font équipe avec lui. Jos sécurise le véhicule. Et Paul fait entrer et sortir les fonds. À quatre, ce serait mieux, mais pour ça, il faudrait qu'il aient de la route à faire, pas que de la ville. Comme si y'avait moins de risques, tu parles !
Les convoyeurs de fonds qui n'ont pas le droit de fumer dans l'exercice de leur mission, sont avec les flics les plus grands consommateurs de chewing-gum que Denis connaisse. Il faut bien distraire la peur d'une manière ou d'une autre ! Et y'a pas intérêt à arriver au boulot chargé. Sinon, c'est la porte illico. Normal. C'est pourquoi Denis s'est acheté une conduite. Eau gazeuse, jus de fruit et bière sans alcool. Mais dès qu'il aura palpé et sera en sécurité, il a bien l'intention de rattraper le temps perdu. "Cigarettes, whisky et petites pépées", comme disait cette chanson à la télé dans une émission rétro. À lui la belle vie !
(à suivre)